Vignobles et changement climatique : les stratégies d’adaptation des viticulteurs.
Le changement climatique est un défi majeur pour l’industrie viticole mondiale. Les températures en augmentation, les variations de précipitations et les phénomènes météorologiques extrêmes affectent directement la croissance des vignes, la qualité des raisins et, en fin de compte, le vin lui-même. Face à ces défis, les viticulteurs doivent adapter leurs pratiques pour assurer la production de vins de qualité. Dans cet article, nous explorerons comment les viticulteurs s’adaptent aux changements climatiques et les stratégies qu’ils mettent en place pour préserver leurs vignobles.
Les impacts du changement climatique sur la viticulture
Réchauffement climatique et températures élevées
Le réchauffement global entraîne une hausse des températures moyennes, ce qui a des répercussions directes sur la manière dont les vignes mûrissent. Les températures plus élevées accélèrent souvent le processus de maturation des raisins, modifiant ainsi leur équilibre sucre-acidité. Cela signifie que les vins deviennent souvent plus alcoolisés, perdant une partie de leur finesse[3]. Les viticulteurs doivent sans cesse ajuster leur approche pour préserver le caractère de leurs vins.
Variations de précipitations et stress hydrique
Non seulement les températures changent, mais les régimes de pluie évoluent également. Les vignes souffrent de périodes de sécheresse plus longues et plus intenses tandis que leurs besoins en eau ne cessent d’augmenter. Le stress hydrique peut entraîner une baisse de production et altérer significativement la qualité du vin en augmentant la concentration en sucre, nuisant à l’équilibre global[4]. Les viticulteurs doivent donc trouver des moyens de gérer efficacement le stress hydrique pour maintenir la santé des vignes.
Phénomènes météorologiques extrêmes
Les phénomènes météorologiques extrêmes comme les gelées tardives, les sécheresses prolongées, les vagues de chaleur et les épisodes de grêle endommagent les feuilles et les grappes des vignes. Les gelées au printemps peuvent endommager les bourgeons et réduire les rendements, tandis que la grêle peut détruire les vignes en quelques minutes[3]. Pour minimiser ces dommages, les viticulteurs utilisent des bougies antigel et des filets de protection.
Stratégies d’adaptation des viticulteurs
Sélection de cépages résilients
Pour faire face aux changements climatiques, les viticulteurs choisissent des cépages mieux adaptés aux nouvelles conditions. Les cépages résilients sont sélectionnés pour leur capacité à résister aux variations climatiques. Par exemple, les vignes de Corten Merlot et Corten Chenin sont sélectionnées pour leur résilience aux températures élevées et aux périodes de sécheresse[3].
Pratiques agricoles durables
L’agriculture biologique et l’utilisation de techniques biodynamiques renforcent la résilience des vignes. Les viticulteurs adoptent des pratiques biologiques pour améliorer la santé du sol et la résistance des plantes. Toutes les vignes, y compris celles utilisées pour le Monbazillac « Font Romaine », sont cultivées selon des pratiques biologiques pour assurer une production durable[3].
Effeuillage et couverts végétaux
L’effeuillage, lorsqu’il est raisonné, joue un rôle essentiel dans l’adaptation de la vigne aux conditions climatiques changeantes. Un effeuillage moins intensif devient une stratégie pour protéger les grappes des températures élevées. Les couverts végétaux et l’enherbement peuvent également aider l’adaptation des vignobles au changement climatique. Ces pratiques offrent de nombreux avantages pour améliorer la durabilité et résister aux aléas climatiques[1].
Vitiforesterie
La vitiforesterie, qui combine la viticulture et l’agroforesterie, s’impose comme une solution innovante et durable pour adapter les vignobles au changement climatique. Les arbres réduisent les températures de l’air autour des vignes, diminuant le stress thermique et les effets des canicules sur la maturation des raisins. Ils améliorent également la capacité du sol à retenir l’eau, ralentissent le ruissellement et limitent l’érosion, assurant la préservation des terres fertiles. En créant des habitats pour les insectes, oiseaux et autres auxiliaires, l’agroforesterie favorise la biodiversité et réduit la dépendance aux pesticides chimiques. Les systèmes agroforestiers capturent également le CO₂, contribuant à la lutte contre le changement climatique grâce au stockage du carbone dans la biomasse et le sol[1].
Biostimulants
Face à la multiplication des sécheresses et des vagues de chaleur, les biostimulants améliorent la capacité d’adaptation des vignes. Ils enrichissent la structure du sol, optimisant la rétention hydrique et réduisant ainsi les effets du stress hydrique sur la vigne. Les biostimulants stimulent également la croissance racinaire, permettant aux vignes d’accéder à des ressources en eau plus éloignées et renforçant leur résilience en période de déficit hydrique. Ils limitent également les dommages oxydatifs causés par la chaleur et favorisent la régulation thermique de la plante[1].
Techniques viticoles innovantes
Modifications dans les pratiques de taille et de récolte
Les viticulteurs adaptent leurs pratiques, en effectuant par exemple des vendanges nocturnes pour conserver la fraîcheur des raisins face à la chaleur croissante du jour. La taille des vignes est également repensée pour favoriser des cultivars plus équilibrés, permettant ainsi de retarder la maturité des raisins et de conserver une certaine acidité critique pour la structure du vin[4].
Création de nouveaux crus adaptés aux nouvelles conditions
Les producteurs les plus innovants embrassent ces changements pour créer des vins complètement nouveaux qui sont en train de redéfinir le paysage gustatif mondial. En expérimentant avec la fermentation et les méthodes de viticulture alternative, ils sont non seulement capables de s’adapter aux répercussions du changement climatique, mais aussi de créer de nouvelles expériences sensorielles qui repoussent les frontières du possible en matière de vinification[4].
Le changement climatique est un défi majeur pour la viticulture, mais avec des stratégies d’adaptation et une utilisation judicieuse des technologies, les viticulteurs peuvent continuer à produire des vins de qualité. Les pratiques agricoles durables, la sélection de cépages résilients, l’effeuillage raisonné, la vitiforesterie et l’utilisation de biostimulants sont quelques-unes des stratégies qu’ils mettent en place pour préserver leurs vignobles. En continuant à innover et à s’adapter, les viticulteurs peuvent non seulement survivre aux changements climatiques mais également contribuer à une viticulture durable et résiliente.
Florian Calicaut, 35 ans, est un passionné d’œnologie et de gastronomie française. Diplômé de l’Institut des Vins et Spiritueux de Bordeaux, il partage sur le blog ses découvertes viticoles, ses conseils de dégustation et ses accords mets-vins, avec une attention particulière aux vignobles de Bourgogne et du Bordelais.